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jeudi 9 décembre 2010

L'ERE MONTESSORI -6-


Nous avons bien sûr appliqué toutes les découvertes Montessori en matière d’aménagement de la chambre de nos filles. Mais il n’y a de nos jours plus rien de très original à organiser cet espace pour que l’enfant s’y sente chez lui. Notre société de consommation a trouvé son compte dans le marché important que représentent les objets adaptés à la taille et aux mains du tout petit. Il ne viendrait plus à l’idée d’aucun parent de priver son enfant d’une brosse à dent miniature, de résister devant un portemanteau ludique, et nous avons tellement adopté cette philosophie que les maisons regorgent d’objets miniature, parfois jusqu’à l’excès.

Mais les apprentissages ne pouvaient se limiter à des tâches ménagères ou à des aménagements agréables mais somme toute bien classiques du cadre de vie. Je me lançais donc avec entrain dans la construction des matériaux de base, que l’on trouve maintenant tout faits via Internet sur le site Maria Montessori en France ou plus simplement encore chez Nathan Pédagogie. Je coupai, collai, peignis, ponçais sans relâche la tour rose, l’escalier vert et les barres rouges. La tour rose, constituée de 10 cubes de 1 à 10 cm d’arête me donna particulièrement du mal. Etant plus pédagogue que bricoleuse, je ne choisis certainement pas la méthode la plus simple pour la confectionner : qu’on en juge. Je jetai mon dévolu sur du contreplaqué de 10, c’est à dire épais de 1 cm. Le premier cube certes ne me posa aucun problème. Mais si vous imaginez que je choisis de réaliser chacun des autres en partant de carrés de la taille voulue empilés en nombre suffisant pour atteindre ensuite la forme cubique, vous comprendrez que le dernier, résultat du collage minutieux de 10 carrés de 10 centimètres de côté, fut assez laborieux. Dans ce contexte, les finitions prenaient une allure de récompense, et  peindre les cubes en rose fut un vrai plaisir.
J’enfilai des barrettes de perles, achetai une scie sauteuse pour réaliser les plateaux d’encastrement, réalisés cette fois en balsa, et non plus en contreplaqué. Il fallut résoudre le délicat problème des systèmes de préhension des formes à encastrer, afin qu’il fût adapté à de petites mains.  Et lorsque je m’attaquai au plateau des étoiles, je butai sur l’épineuse difficulté des étoiles à 10 ou 12 branches. J’avoue avoir oublié celle qui me posa le plus de souci pour sa construction géométrique, mais il me fallu l’aide d’un ami professeur de mathématiques pour faire une figure régulière ! Je construisis aussi maints cadres de bois sur lesquels je fixai des bouts de tissus reliés par toutes sortes de fermetures pour apprendre la préhension fine, boutons, rochets, fermeture éclair et autres lacets. Le meilleur souvenir reste celui de la confection  des plaques du teintier destiné à apprendre à distinguer les nuances les plus subtiles. Je fis des centaines de rectangles de bois, car je voulais avoir mes jeux de couleur en double, et après les avoir munis de baguettes pour en faciliter la tenue, je les peignis avec soin. Il s’agissait, partant d’un blanc à peine cassé par une couleur de base, , d’augmenter chaque fois très légèrement la quantité de colorant afin d’atteindre au bout de 10 plaques la couleur pure. Le résultat était vraiment superbe, et c’est d’ailleurs le seul matériel Montessori que j’ai conservé, ayant offert les autres à une jeune institutrice.

mardi 7 décembre 2010

L'ERE MONTESSORI -5-


On pourrait résumer ainsi les idées forces de cette pédagogie :
·     L’enfant reste libre du choix de son travail
·     L’adulte respecte le temps d'acquisition de l’enfant
· Tout travail commencé doit être Préparé - Réalisé -Terminé - Évalué - et éventuellement corrigé en cas d'erreur
· L'enfant explore avec tous ses sens
· L’enfant a le droit à l’erreur, mais elle doit être corrigée 
· Toutes les disciplines sont liées
· L'acquisition de compétences est aussi importante que l'acquisition des connaissances
· Les adultes éducateurs se mettent au service de l'enfant pour l'aider à devenir un être libre.

Un enfant qui acquiert les capacités de lecture et d'arithmétique de base de cette façon naturelle possède l'avantage de commencer son éducation sans corvée, ennui ni découragement. Il éprouve un enthousiasme à apprendre, qui lui rend les apprentissages aisés.

Forts de cet exaltant viatique, nous avons entrepris de mettre en œuvre les conseils du médecin italien. La grande constante étant « l’école Montessori chez soi », rien ne s’opposait à ce que nous le fassions. Sauf peut-être l’étrangeté de la démarche et surtout l’absence totale de matériel pédagogique permettant de mettre en œuvre les méthodes préconisées.

Avant tout apprentissage: le cadre de vie de l’enfant:
 
           Tout commence par l’organisation de la maison. " Nous devons offrir à l'enfant un environnement qu'il peut utiliser lui-même : un petit lavabo, un bureau avec des tiroirs qu'il peut ouvrir ; des objets d'utilisation courante qu'il peut manipuler, un petit lit dans lequel il peut dormir la nuit sous une belle couverture qu'il peut remettre lui-même. Nous devons lui donner un environnement dans lequel il peut vivre et jouer ; alors nous pourrons le voir travailler toute la journée avec ses mains et attendre impatiemment pour se déshabiller lui-même et s'allonger sur son lit ».
 
Certes dans un premier temps, il était simple de réaménager les tiroirs de la cuisine pour permettre, à hauteur convenable, à l’enfant de ranger, en triant, les couverts après le repas, ou de lui faire transporter sans frémir des plateaux à sa taille comportant quelques verres fragiles, en lui expliquant l’importance de sa mission. Il ne faut pas avoir peur laisser l’enfant manipuler des instruments réputés fragiles ou dangereux, il en prendra le plus grand soin et, prévenu contre les risques se montrera d’une grande prudence avec les couteaux. Par contre J’avoue bien humblement que j’ai en la matière « sauté » quelques recommandations de base. La perspective de donner à mes filles un petit plumeau ou des instruments de ménage miniature a dû heurter l’ancienne soixante-huitarde assagie que je suis. Je l’aurais sans doute fait avec ardeur pour des garçons, mais là j’ai carrément négligé l’apprentissage de l’ordre et je découvre avec stupeur les conseils de Maria Montessori en la matière. Elle dit que les enfants de 2 à 6 ans prennent du plaisir à s'occuper de leur environnement, à nettoyer, à laver qu’il est parfaitement raisonnable de demander à des enfants plus âgés de ranger leur chambre et d'aider dans les tâches ménagères. Il est clair que j’ai oublié de leur apprendre à plier leur serviette de bain ou leurs vêtements le soir, et elles ont en la matière une incompétence qui risque fort de leur empoisonner la vie à l’âge adulte. Elles sont toutes les deux abominablement désordonnées, vivant sans problème dans un environnement proprement délirant qui leur rendra la vie compliquée plus tard. C’est bien la preuve que les prescriptions Montessori doivent être suivies avec humilité et sans y mêler ses propres convictions.