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jeudi 5 juillet 2012

PHILOSOPHIE DU PROJET -4-


Par contre, il est un domaine dans lequel il nous a semblé important de soigner l’apprentissage de base, d’être directifs et d’en faire une vraie discipline, au sens noble du terme, c’est l’expression française. Sa qualité passe par l’acquisition d’une parfaite maîtrise de la grammaire, et  d’un vocabulaire riche et diversifié.  Et la méthode la plus sûre d’enrichissement est la lecture. 
Je reviendrai bien sûr sur nos méthodes plus loin, mais je voudrais souligner d’abord l’importance de cet enseignement en tant que tel, et non comme accessoire comme on veut le faire de plus en plus, dans un délire de transversalité sur lequel nous avons aussi, plus que tout autre pour l’avoir pratiqué en continu et en grandeur réelle, notre avis. Il est primordial bien sûr, pour qui entreprendra des études supérieures, et ce n’est plus le fait d’une élite fortunée, mais le sort fréquent des jeunes actuellement, d’être capable de rédiger, de construire sa pensée, de trouver et surtout de développer une problématique. Certains pensent qu’en utilisant un vocabulaire abscons, truffé de néologismes ronflants et de tournures alambiquées, ils impressionneront leur lecteur, qui ne comprenant rien à ce qu’il lit, en conclura qu’il s’agit là d’un bel en bon discours fort savant. La ruse est éventée, et si le stratagème fonctionne parfois dans le secondaire? certains enseignants pensant que cette langue obscure cache sans doute des capacités qu’ils sont avides de valoriser, il n’est plus d’aucun secours dans le supérieur. D’autres pratiquent le « copié collé », le plagiat, ou pire la paraphrase, et c’est sans doute le travers le plus courant. L’usage de ces techniques montre malheureusement à l’évidence que ceux qui les utilisent ont rarement pris la mesure des textes qu’ils pillent, et même souvent qu’ils ne les pas lus, encore moins compris. Ils se privent dès lors de la possibilité de progresser, de se former, et de construire leur opinion et leur personnalité hors de sentiers rebattus. L’information pré-mâchée, simplifiée, voire gauchie sera leur lot et ils adhéreront sans état d’âme à l’opinion commune, dont on sait tout ce qu’elle a de réducteur pour la liberté.
Moyen d’accéder à la liberté de pensée, l’expression française est aussi vecteur de communication, particulièrement quand elle est orale. Nous étions un jour, avec Hélène aux journées portes ouvertes d’un grand lycée parisien, pour rencontrer les professeurs des classes préparatoires. Hélène, soucieuse de faire bonne impression, avait adopté avec aisance et naturel un registre de langage riche, et utilisait un français très châtié… sans affectation cependant. Le professeur qui nous recevait remarqua la qualité de son expression, la souligna, puis tout à coup s’inquiéta de ce que cette pauvre enfant puisse s’exprimer toujours ainsi, perspective qui lui semblait, avec raison, fort triste. Hélène l’assura qu’elle avait adopté ce registre par correction et souci de se mettre en valeur. Puis elle la rassura en changeant de langage, adoptant celui qu’on pratique couramment au lycée, avec la même aisance. Et là, je peux vous assurer, que ce n’est pas moi qui le lui ai enseigné… Elle l’a acquis seule, sans difficulté apparente, et très vite, devant la nécessité de s’intégrer. C’est vrai que, lorsqu’elles étaient plus jeunes, les filles ont eu parfois des problèmes d’expression, leur langage étant jugé trop précieux par les copines. Mais elles ont vite appris à se fondre dans l’ambiance, et à trouver le ton juste selon les circonstances.




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