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mercredi 4 juillet 2012

PHILOSOPHIE DU PROJET -3-


L’anecdote peut sembler futile, et la faute corrigée avec autant de persévérance vénielle, d’autant plus vénielle qu’elle a aujourd'hui presque droit de cité, dans la langue parlée tout au moins. C’est en fait un état d’esprit permanent, qui a le mérite d’être exigeant au moment crucial des apprentissages, pour pouvoir ensuite se libérer des contraintes et carcans divers, quand cela n’a aucune conséquence néfaste.
Alors que la démarche inverse relève du défi. Prenons par exemple mes étudiants. Ils doivent rédiger à l’issue de leur stage en entreprise, un mémoire relatant leur expérience, et construire des études de gestion appliquées à partir de réalisations ou de problèmes détectés dans l'entreprise d'accueil. Certains se révèlent d’excellents stagiaires, débrouillards, ouverts, dignes de confiance, et donnent entière satisfaction à leur employeur qui n’hésite pas parfois à les embaucher ensuite. Mais lorsqu’arrive l’heure de la rédaction du mémoire, c’est une véritable catastrophe : ils se révèlent totalement incapables de rédiger quoi que ce soit d’intéressant, voire de simplement compréhensible. Leurs difficultés d’expression écrite se retrouvent à l’oral au moment de la soutenance dudit rapport, et lorsque je lis leur travail ou que je les entraîne à l’oral, j’assiste médusée à une prestation médiocre qui donne l’impression qu’ils n’ont rien fait durant leur stage, ni rien compris à l’entreprise dans laquelle ils étaient. 
C’est un véritable gâchis, car ils ne peuvent pas valoriser leur travail, faute de disposer des outils nécessaires pour le faire. Je n’évoque même pas les fautes d’orthographes qui émaillent leurs rapports et que le correcteur orthographique de leur traitement de texte ne corrige pas, et aggrave même souvent. Elles sont tellement nombreuses et habituelles qu’il y a belle lurette que nous ne les sanctionnons plus. Pourtant ces jeunes vont travailler dans le tertiaire, rédiger des courriers, des notes de service, des commentaires pour leur clients s’ils sont comptables. Et ces documents seront truffés de fautes monumentales. 
Les esprits avancés diront qu’il n’y a là aucun problème, que l’exigence d’une orthographe convenable n’a plus cours, et qu’il est stupide de s’émouvoir de cette évolution rendue inéluctable par la reddition du corps enseignant. D’une attitude extrême où l’on se voyait enlever 1 point dans une démonstration de mathématique à cause d’une faute d’orthographe, à l’incurie orthographique systématique des scientifiques, pseudos scientifiques et des autres, il y a eu des années de bagarres jugées inutiles et obsolètes par nos penseurs pédagogues. Le résultat se lit avec humour, puis énervement sur le Web qui est le lieu de toutes les dérives en la matière. Il se lit aussi dans les courriers de tous genres que nous recevons, et qui sont de plus en plus truffés de fautes. Et avez-vous remarqué combien les gens qui sont mauvais en orthographe remarquent vite les fautes des autres, ce sont les censeurs les plus redoutables ! 

Alors que faire ? Pour ma part, j’explique chaque année à mes étudiants, qui s’amusent beaucoup, que le « s » est la marque du pluriel pour les noms communs mais pas pour les verbes qui se terminent alors en « ent », que par contre les adjectifs ne s’écrivent pas « ent » au pluriel, je leur rappelle avec constance la règle d’accord du participe passé, et surtout je relis leurs rapports, je corrige les fautes, et ma collègue de lettres fait de même. Est-ce une hypocrisie ? Pas sûr, ils sont touchés par ce soin apporté à les corriger, et du coup ils deviennent plus attentifs à leur orthographe. Évidemment il n’y a pas de miracle, mais prenant conscience de l’importance du problème, ils ont l’idée, le jour où ils envoient une lettre de demande d’embauche, ou une lettre de motivation pour une inscription de faire relire leur prose, idée qui de toute évidence ne leur était pas venue quand ils ont déposé leur dossier de demande d’entrée en DCG. 
Admettons, puisqu’il le faut, que l’orthographe est la science des ânes, science cependant fort difficile à acquérir. Malgré notre rigueur, nous n’avons réussi que partiellement en la matière. Marie, en effet, était vraiment excellente, et corrigeait avec  efficacité les articles que nous parsemions de fautes dans le journal familial. Par contre Hélène a longtemps été loin d’être parfaite en la matière, mais nous avons réussi à lui inculquer, après de longues années d’indifférence de sa part, la nécessité de se relire, même si c’est assommant, et celle de soigner particulièrement l’orthographe des documents importants. Elle y met maintenant un point d’honneur, et, finalement, met un point d'honneur à présenter des textes convenables !!

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