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lundi 2 juillet 2012

PHILOSOPHIE DU PROJET -2-


Chaque début d’année, dès que je disposais de mon emploi du temps au lycée, nous établissions un planning précis pour la maison, nous conformant pour les répartitions horaires aux instructions ministérielles, revues à la hausse dans les matières de base. Il s’agit là d’un débat beaucoup plus important qu’il n’y paraît à première vue, sur le temps consacré aux matières dites fondamentales, tant dans le primaire que dans le secondaire. Chaque année, ou plutôt à chaque réforme des programmes et référentiels divers, la controverse fait rage. D’un côté les tenants d’un système éducatif transversal et pluridisciplinaire, les autres craint « au loup » dès que l’on touche aux heures des matières principales. Il est reste d'actualité, à tout époque on s'interroge sur les heures à consacrer aux apprentissages de base.
Totalement persuadés qu’une diversification des acquis repose sur des fondations solides, nous avons passé beaucoup de temps sur les connaissances de base, lecture, grammaire, qualité de l’expression, logique mathématique surtout. Ce faisant, nous nous inscrivions en faux contre la tendance très active encore dans les méthodes pédagogiques imposées par la hiérarchie des personnels de l’Education Nationale, qui proscrit toute connaissance imposée de l’extérieur, et qui veut que l’enfant, mis en situation d’apprentissage, découvre par lui-même le plus de choses possible. On lit bien sûr, derrière ce discours, le rejet de toute contrainte éducative, stigmatisée comme étant nécessairement répressive sur le plan moral, social et comportemental.  Nous avons choisi d’être volontairement directifs, afin de donner à nos filles une solide culture de base qui seule pouvait leur permettre ensuite de se forger, en toute connaissance de cause, des opinions, et de développer leur curiosité. Nous pensions que les instruments de leur liberté morale étaient en particulier un excellent maniement de la langue française, outil de base pour d’une part s’exprimer, puis s’enrichir des travaux, pensées et développements écrits dans tous les domaines sur les sujets que leurs goûts ou leur formation leur permettraient d’aborder.
Pour parler de façon plus simple, savoir lire avec précision et en comprenant la teneur du texte lu, connaître toutes les élégances et les subtilités de la langue française pour saisir exactement la pensée de l’auteur, être soi-même capable d’utiliser le vocabulaire juste, le mot qui traduit avec le plus de clarté possible sa pensée, sont les pré-requis indispensables à toute culture ultérieure. Il nous semblait qu’il fallait commencer, à un âge où l’enfant est comme une éponge, très réceptif et surtout terriblement désireux d’appendre, par leur inculquer un français de qualité, voire exigeant. Cela s’est traduit, dès leur plus jeune âge, par l’emploi systématique du mot juste, même s’il était difficile, en ayant alors recours à la définition, et dès qu’elles ont pu l’utiliser au dictionnaire. C’était aussi la volonté de pratiquer la langue de façon scrupuleuse, reprenant sans pitié toutes les fautes d’expression orale, pour leur assurer plus tard un écrit correct. J’avais par exemple pris l’habitude de répondre à une phrase du type « c’est les chaussures que tu cherches ?», « ce sont »… Marie m’a dit ensuite qu’elle avait cru dans un premier temps qu’il s’agissait là d’une forme d’approbation d’un genre particulier, jusqu’à ce qu’elle comprenne que je redressais une incorrection, au demeurant fort courante mais assez malséante. Et lorsqu’il m’arrive, n’étant plus tenue à un devoir d’exemple, de dire « c’est les erreurs les plus courantes qui sont les plus difficiles à corriger », Marie veille au grain, et répond en riant « ce sont ».



1 commentaire:

  1. C'est passionnant !
    Je suis heureuse que tu reprennes ce blog.
    Merci Michelaise.

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