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jeudi 4 novembre 2010

Le décor de l’aventure ou la future école « Fan de Loup » -5-

Le premier de nos maîtres fut en la matière le docteur Spock. Le livre du plus célèbre et le plus controversé des grands pédiatres de ce siècle fut notre livre de chevet dans les premiers mois. Benjamin Spock, pris dans le courant de changements qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, est l’auteur du livre intitulé The Common Sense Book of Baby and Child Care (Le livre du bon sens pour le soin du bébé et de l’enfant), plus tard simplement appelé le Dr. Spock’s Baby and Child Care (Le soin du bébé et de l’enfant selon le Dr. Spock) Peu de livres ont un impact aussi important sur l’éducation des enfants, mais quand nous l’avons découvert il n’était plus révolutionnaire, contesté par les uns pour son laxisme, par les autres comme n’ayant pas su aller assez loin dans la libération de l’enfant de la tutelle autoritaire de ses parents. Nous, nous l’avons lu avec naïveté, sans le moindre a priori idéologique : nous n’étions plus tous jeunes, nous n’avions cotoyé ni l’un ni l’autre de petits enfants jusque là, et en un mot ne savions pas trop dans quel sens attraper le bébé qui trônait dans son berceau tout neuf.
Nous aurions espéré, dans le plus pur style classique quelque soutien et quelques conseils de nos parents, mais, outre le fait que nous les aurions sans doute mal reçus, ces derniers étaient sinon incompétents, du moins pas du tout intéressés par les problèmes pratiques que posent les bébés. A croire qu’ils n’en avaient pas eu eux-mêmes (si peu, en fait, Michel est fils unique, et  moi aussi, enfin presque), en tout cas, cela ne les avait pas marqués. Il nous fallait donc improviser, ce qu’on fait sans doute plus facilement à 20 ans qu’à 30 et nous étions très soucieux de bien faire. C’est un peu par hasard que le livre que j’achetai fut celui du Docteur Spock, mais je dois avouer que, pris au premier degré, sans chercher à leur donner une valeur philosophique ou à y lire un fait de société, ses conseils nous convinrent parfaitement. Ils nous semblaient pétris de bon sens, et nous les appliquâmes joyeusement.

J’ai depuis donné mon précieux livre, tout déchiqueté, à mon ami le plus cher, quand il a eu lui-même des enfants. Je ne sais trop l’usage qu’il en fit, mais il me semble, au vu des difficultés dont il me parle qu’il n’en a pas eu la même lecture que nous, et qu’il n’a pas appliqué les préceptes de Spock dans le même sens que nous. Pas étonnant dans ces conditions que les avis soient partagés sur ce pédiatre, chacun interprétant sans doute ses préceptes à sa façon. L’auteur est tenu pour responsable en cas d’échec, mais finalement ce sont sans doute les parents qui se compliquent la vie. C’est pourquoi, plutôt que de retrouver l’ouvrage, et d’y rechercher la lettre du texte, je vais dans un premier temps essayer d’en reconstituer l’esprit tel que nous l’avons retenu. Il sera toujours temps ensuite de faire un retour sur réflexion, et de comprendre en quoi le docteur Spock est l’objet de tant de contestations et de remises en cause.

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