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samedi 6 novembre 2010

Le décor de l’aventure ou la future école « Fan de Loup » -6-

Les deux ou trois idées-force que nous avons cru découvrir à la lecture du livre nous servirent de repaire pour adapter notre comportement aux événements. Tout d’abord l’enfant, le bébé surtout, sait mieux que le parent le mieux intentionné du monde ce qu’il lui faut, ce dont il a besoin, et il le manifeste toujours très nettement. Le message n’est pas forcément très clair, mais les parents étant par définition inquiets de son bien-être et soucieux de bien faire, ils découvrent rapidement la signification des manifestations de douleur, de malaise ou de joie du bébé. C’est ainsi que nous avons dès les premières semaines évité de réveiller Marie en pleine nuit pour lui faire avaler un biberon qu’elle ne réclamait pas. Le résultat est qu’elle fit des nuits entières très rapidement, nous n’étions pas fatigués et ravis de la retrouver le lendemain matin pour le premier bib. Certes notre entourage s’émut de cette indifférence, nous fûmes taxés de dureté de cœur, d’indifférence ou de cruauté, déjà !… mais, sans doute est-ce là le bénéfice de l’âge, ces accusations ne nous atteignirent pas, puisque Marie allait bien, ne se réveillait pas pour réclamer, nous avions parfaitement bonne conscience.
C’était pour nous un entraînement moral à ce que fut la suite de notre aventure : la confrontation au regard critique de notre entourage, choqué, outré par notre attitude, prêt à nous vilipender et à nous bourreler de remords. Mais je serai amenée à reparler de cet aspect particulièrement difficile à gérer de l’éducation de nos filles. Pour l’instant, ce sont des bébés qui, nous l’avons constaté, savent ce dont ils ont besoin, et se débrouillent pour l’obtenir. C’est ainsi que suivant leur rythme, d’autant plus aisément que nous n’avions absolument aucune idée préconçue en la matière, vu que nous étions totalement ignares, nous n’avons connu aucune problème de nourriture, aucun problème de sommeil, ni d’agitation incontrôlée. Elles nous ont appris notre métier de parents, et nous n’avons eu qu’à les suivre.

D’aucuns se sont, bien évidemment, insurgés contre ce qu’il estimaient être une permissivité extrême, source selon eux de tous les dangers possibles en matière d’éducation.  Comme si le bébé avait déjà la volonté d’user de la bonne volonté de ses parents, et qu’il ait dès les premières semaines la rouerie d’en abuser. Il pleure quand il a faim, il suffit alors de lui donner son biberon pour le calmer et le rendre heureux. Pourquoi se compliquer la vie, lui faire attendre des heures fixes, lui imposer la têtée quand il n’en veut pas et l’obliger à terminer le biberon quand il renâcle. Pour avoir pratiqué, sans doute avec une belle inconscience, les horaires décidés par nos filles, je puis vous garantir qu’elles trouvèrent toutes seules le rythme qui leur convenait, burent les quantités nécessaires à leur croissance harmonieuse, et que les repas ne furent jamais entre nous à cette époque-là source de conflits ni d’inquiétude. Certes, nous avions quelques idées en la matière, et ainsi nous avons évité de rajouter le moindre grain de sucre dans leur lait pour les inciter à finir les biberons, persuadés que si nous commencions à leur donner le goût du sucre, nous déséquilibrerions leur appétit. Nous leur avons donné beaucoup de légumes dès le début, et avons pris la peine de les assaisonner de façon agréable pour leur plaisir gustatif. Il semble qu’elles ont acquis des goûts éclectiques qui existent toujours, aimant à peu près tout, n’ayant pas de passion excessive pour le sucre, les frites ou le coca et appréciant toutes sortes de légumes. Les déséquilibres en matière de nourriture sont apparus beaucoup plus tardivement, et nous avons alors mesuré avec horreur combien ce domaine est fragile.

1 commentaire:

  1. Quelle "chance" et quelle bonne idée d'avoir su adapter les repas à la demande de tes filles... J'avais 23 ans à la naissance de ma fille aînée. Je l'ai allaitée et sur les conseils de l'infirmière de la clinique la pesais avant et après chaque tétée (à gauche et à droite) pour savoir ce qu'elle prenait. Angoissée comme je l'étais, si elle prenait 30 g au sein gauche et 25 au sein droit, je la remettais aussitôt au sein pour équilibrer...
    Je n'ose pas calculer le nombre d'allers et retours qu'elle a fait sur la petite balance, mais les petits carnets sur lesquels je notais tout doivent attester un nombre impressionnant de pesées.
    Bien "éduquée" dans ce sens, lorsque son frère est né 15 mois plus tard, il a eu droit lui aussi à la valse aller-retour sur le pèse bébé...
    La seule qui a échappé à ce stress est mon Astheval que j'ai nourrie à la demande... Elle est née 6 ans après son frère et j'avais "un peu" mûri...

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