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mardi 2 novembre 2010

Le décor de l’aventure ou la future école « Fan de Loup » -4-

Pendant ce temps, Michel continuait à soigner sans état d’âme sa patientèle locale, déçu de la tournure que prenait le développement de son cabinet, très rural, et peu sujet à évoluer. Le 10 décembre 1984, alors que nous attendions Marie pour la fin du mois de janvier suivant, nous étions à Bordeaux pour quelques achats « de Noël ». Je feuilletai des livres dans la grande librairie locale, objet de nos visites nécessaires à chaque déplacement, histoire de se donner l’impression que nous étions encore capables de penser ! Et de façon aussi inattendue que gênante, là, devant le rayon des essais et autres mémoires, la naissance s'annonça de façon irréfutable. La légende familiale s’est depuis construite autour de cet événement mineur. Marie, fortement attirée par le goût, l’odeur ou les flux positifs qui émanaient des livres qui m’environnaient, avait décidé que l’attente suffisait, et annonçait sa venue au monde avec presque deux mois d’avance. C’est très amusant de composer a posteriori des légendes dorées, et de faire ainsi l’hagiographie des humains, en fonctions de ce qu’on sait, plus tard, qu’ils vont devenir ! La tradition veut, depuis, que Marie ait manifesté ce jour-là son caractère littéraire. Le lendemain Michel, émerveillé, m’annonça sa décision de se faire beau pour accueillir sa fille, et se  mit effectivement sur son trente et un pour son arrivée dans ma chambre (elle avait passé quelques heures en couveuse auparavant).

Difficile d’expliquer ce qui me mit alors en mouvement : l’ennui provoqué par un séjour forcé autour du berceau, la vocation pédagogique la plus pure, profondément ancrée dans mon inconscient, un amour maternel forcené ou au contraire la crainte de ne pas trop savoir m’y prendre et la volonté de bien faire ? Toujours est-il que je me mis dès lors au travail, et me plongeai dans la littérature consacrée à l’éducation des enfants avec enthousiasme. Marie m’a depuis reproché cette manie de toujours chercher la solution aux problèmes d’éducation que nous rencontrions dans les livres, j’y reviendrai. Il me revient à cet égard une remarque acerbe de ma propre mère qui admettait mal que les parents aient, selon elle, toujours tort… « C’est la seule chose qu’on ne nous ait jamais apprise, de devenir parents. Alors, on fait ce qu’on peut, on improvise ! ».

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