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mercredi 10 novembre 2010

Le décor de l’aventure ou la future école « Fan de Loup » -8-

Pourquoi le Docteur Spock a-t-il été et est-il encore si controversé ? Au début ses méthodes s’opposaient aux méthodes rigides et sévères des générations précédentes en matière d’éducation des enfants. L’instinct parental était source de méfiance et seule l’approche stricte et scientifique des pédiatres avait droit de cité. L’alternative proposée par Spock était une approche plus centrée sur l’enfant, et proposait aux parents de faire confiance à leur raison pour déterminer seuls ce qui était bon pour leur enfant. Elle toucha la corde sensible de nombreux parents qui commençaient à mettre en question les pratiques établies.  Il n’est pas sûr que Spock ait initié les changements dans l’attitude du grand public vis-à-vis des enfants et de leur éducation, mais le moment précis où il a produit un manuel sur l’éducation des enfants (qui préconisait une révolution silencieuse dans ses pratiques) a certainement ajouté de l’huile sur le feu. Qu’il s’agisse des nouvelles pratiques familiales, des nouveaux rythmes imposés par la vie moderne, de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, le détachement des croyances et habitudes établies, dans les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale, un changement évident dans la façon d’élever les enfants s’imposa d’autant plus qu’un baby-boom soutenu démarrait. Son premier ouvrage : « Livre du bon sens en matière de soins aux nourrissons et aux enfants » a été très controversé. Publié en 1946, ce livre se démarque complètement des habitudes et de la mentalité très rigide de l’époque. Cela n’empécha pas cet ouvrage de se vendre à plus de trente millions d’exemplaires. Spock part du constat que les jeunes connaissent fort peu de choses du métier de parents. Cette ignorance entraîne une perte de confiance en soi, des angoisses, des erreurs éducatives et des malentendus qui faussent rapidement les rapports enfants-parents.  Il réhabilite l'affection, la tolérance, le respect de la personnalité, ce qui le fera accuser dans les années 1970 d'inciter les familles à l'absolue permissivité et à la démission. Sensible à ces polémiques, Spock a évoqué dans ses dernières publications les limites nécessaires à opposer aux désirs démesurés du jeune enfant.

  Est-ce grâce aux conseils de Spock, ou bien avons-nous eu des enfants particulièrement gentilles, mais nous gardons de cette petite enfance un souvenir lumineux de vie simple et facile. Pas le moindre souvenir de nuit blanche, de pleurs intempestifs, de caprice, de maladie infantile. Parents novices nous choisîmes un pédiatre qui nous a laissé le souvenir confus d’une vague incompétence. Il avait l’air nettement plus dépassé que nous par les problèmes mineurs que nous lui soumettions, et les solutions qu’il proposait étaient tellement irréalistes que nous les abandonnions, passé le seuil de son cabinet. Quant à lui, nous arrêtâmes définitivement d’aller lui rendre visite le jour où, ayant diagnostiqué chez Marie un problème de hanches, il préconisa de l’enfermer dans une sorte de carcan impressionnant pour l’immobiliser, alors qu’elle commençait tout juste à marcher. Nous fîmes faire une radio de contrôle des hanches et il apparu que la première avait été prise de travers, et que l’enfant ne présentait pas le moindre problème. Portés par cet excès d’optimisme, nous fîmes cependant une erreur. Lorsqu’il diagnostiqua qu’elle avait les pieds plats et proposa des semelles orthopédiques, nous reculâmes encore devant le côté barbare du procédé. Nous décidâmes que le fait de marcher pieds nus devrait suffire à lui remuscler la plante des pieds. Il faut être honnête Marie a gardé les pieds plats, sans gêne pour la vie courante, mais cela a constitué un véritable handicap lorsqu’à la danse il s’est agi de faire les pointes. Elle a alors abandonné la danse classique pour la danse moderne moins exigeante, car elle devait déployer des efforts surhumains pour un résultat peu convaincant. Mais n’ayant jamais eu l’ambition de faire carrière dans un ballet, cela resta pour elle un inconvénient mineur. Elle a aussi conservé l’habitude d’aller nus-pieds, mais c’est vraiment un moindre mal. Exit donc le pédiatre, et nous eûmes la chance d’ignorer pendant de longues années l’existence du corps médical, nos filles ayant toujours fait preuve d’une santé sans faille.
Petite enfance très facile donc, et j’avoue que l’exposé des complexités provoquées par la présence de bébés dans une maison amie me laisse toujours étonnée. Tout est tellement aisé et naturel, surtout avec le premier enfant. Les choses se compliquent sans doute un peu lorsqu’on a deux enfants en bas âge, mais cela reste très simple. Il me semble a posteriori que l’écoute des besoins du bébé, quelques règles simples d’organisation, beaucoup de pragmatisme, et le tour est joué.

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