Rechercher dans ce blog

mardi 26 juin 2012

COMMENT TOUT A VRAIMENT COMMENCE -3-



Donc, en juin 1990, elle avait largement atteint un niveau de fin CP, et se posait la question de sa scolarisation. J’appelai l’Académie, et pus m’entretenir assez longuement avec une inspectrice du primaire. Notre dialogue fut très chaleureux. Je lui expliquai le niveau et l’âge de Marie, et m’inquiétai d’une entrée en classe préparatoire où elle risquait de s’ennuyer très fort à réapprendre tout ce qu’elle savait depuis longtemps. Cette brave dame en convint avec moi, mais il ne pouvait en aucun cas être question de permettre à Marie d’intégrer un CE1. Elle n’avait même pas 6 ans, et elle ne voulait absolument pas lui permettre de « sauter une classe ». Nous nous quittâmes en excellents termes, mais mon problème n’était pas résolu. Michel et moi avons alors décidé de réfléchir jusqu’à la rentrée, mais deux mois plus tard, Marie en savait encore plus, et l’entrée en CP aurait été encore plus absurde.

Nous avons alors utilisé les dispositions dont je parlais plus haut, et qui  permettaient en France, comme dans la plupart des pays, de choisir éventuellement, et pour des motifs extrêmement divers, une instruction hors école. Cette possibilité existe encore, simplement mieux réglementée par les nouveaux textes. Afin de protéger les enfants en âge scolaire de l'emprise sectaire, le Parlement a adopté en première lecture et à l'unanimité la loi n° 98-1165 du 18 décembre 1998 tendant à renforcer le contrôle de l'obligation scolaire. Le Bulletin Officiel de l’Education Nationale du 3 mai 1999 précise à propos de cette loi que « le législateur a souhaité non seulement encourager la fréquentation scolaire, lutter contre toutes les formes d'abandon scolaire mais aussi veiller à ce que, au nom d'une liberté dans les choix d'instruction, les principes fondamentaux de l'éducation due aux enfants ne se trouvent dévoyés par une instruction sommaire, voire sectaire. » Plus loin, ce même document précise, dans une formule quelque peu lapidaire : «Chaque année, plusieurs milliers d'enfants échappent à l'École de la République. ».
C’est en 1998 que le Parlement et le Sénat se sont penchés sur le problème des enfants non scolarisés. L’actualité avait mis au jour des affaires d’enfants soumis à l’instruction de sectes, passant à travers les mailles du système scolaire et républicain. L'affaire dramatique de la communauté de l'ordre apostolique " Tabitha's place " avait notamment révélé en avril 1997 les difficultés du contrôle de l'obligation scolaire pour les jeunes éduqués au sein des familles ou des communautés. Une autre secte, dite " Horus ", installée dans le département de la Drôme. En octobre 1996 l’Education Nationale avait dû déposer une plainte contre un établissement parisien, baptisé " L'Ecole de l'Eveil ", proposant un apprentissage de l'anglais dès l'âge de trois ans et qui se réclamait du fondateur de l'église de scientologie.  Certains enfants étaient menacés dans leur santé physique et mentale,  victimes de violences, de brimades, de privations de soins médicaux. On les abrutissait d’une propagande intensive, et surtout on handicapait de manière irréversible leur insertion sociale et leur avenir professionnel. Le rapport de Jean-Claude Carle destiné aux sénateurs tentait d’estimer le nombre d’enfants en danger et les évaluait à environ 4600 hors région parisienne, dont un peu plus de 1000 recevant l’instruction dans leur famille. Le rapport ajoute : « Ces chiffres concernent à 80 % des enfants qui seraient scolarisables dans l'enseignement primaire. Il convient d'ajouter que de nombreux enfants dont les parents appartiennent à des sectes sont scolarisés dans des établissements relevant de l'éducation nationale : c'est le cas en particulier de 30 à 40.000 enfants de familles appartenant aux Témoins de Jéhovah et qui reçoivent en fait une double éducation » .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire