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jeudi 14 juin 2012

L'ERE PONTESSORI -8-

Il y a ensuite les jouets que je dirais commerciaux, qui correspondent à des modes de consommation. Je n’ai pas l’intention de porter un jugement de valeur sur ces indispensables objets de consommation qui relancent chaque année l’industrie du jouet vers de nouvelles inventions. L’enfant scolarisé voit ses copains arborer fièrement les derniers avatars vantés de plus à grand renfort de publicité qu’il faudrait être bien sourd pour ne pas entendre. Les parents sont obligés, peu ou prou d’en passer par là, et il n’y a aucune parade, sauf à conjuguer de façon plus qu’improbable l’enfant non scolarisé et l’absence de télévision à la maison. Avouez que c’est un comble ! Cette situation nous a bien sûr éviter d’avoir à sacrifier aux rituels de la mode, avec toujours une vague mauvaise conscience, même si, a priori la cause semble juste. N’avons-nous pas frustré nos fillettes en les privant de Barbies ou autre … Vu l’usage qui en est fait dans les familles, ces jouets étant faits pour se succéder le plus rapidement possible, nous avons apaisé rapidement nos scrupules en nous disant que l’avenir nous donnerait la réponse. Il ne semble pas que, parvenues à l’âge adulte elles en aient gardé une amertume particulière, seuls quelques petits regrets ponctuels qu’elles énoncent aujourd’hui avec amusement, sur le ton de l’anecdote, voire du souvenir d’enfance
Il y a enfin, et c’est d’eux que je voulais parler, les jeux dits pédagogiques. Ceux qui, inspirés de près ou parfois de très loin, des principes de la pédagogie Montessori, offrent à ceux qui les achètent une bonne conscience en prime. Ce ne sont sans doute pas les plus vendus sauf pour le tout-petit qui voit s’entasser dans son berceau toutes sortes de faux livres et  autres jouets supposés stimulants, égrenant joliment tintement ou crissements, mélangeant les couleurs et les formes pour théoriquement l’éduquer. Oui mais voilà, il y a à ce propos un double malentendu qu’il est sans doute cruel de vouloir dissiper, mais ces modestes lignes ne nuiront en aucune façon à l’industrie du jouet pédagogique, je peux donc les écrire par acquis de conscience. Le premier problème est que le matériel préconisé par Maria Montessori, encadrements, encastrements, tri etc. … doit impérativement être sobre pour ne présenter qu’un type de difficulté à la fois à résoudre et s’il est ludique ce n’est pas, par définition un jouet. C’est un matériel d’apprentissage, qui doit obéir à certains impératifs de taille, de couleur, de commodité, impératifs qui le ne le rendent pas forcément très attirant pour les parents.  Or le parent reste l’acheteur, et les industriels doivent séduire son sens compliqué de l’esthétique, plutôt que d’assurer  à l’enfant un outil efficace. 

Alors ils multiplient les fioritures, surchargent le jouet, commettent de véritables hérésies pédagogiques. Qui en a cure ? L’important est que l’objet soit acheté, et il l’est d’autant plus volontiers qu’il « fait » sérieux » tout en étant joli. Et c’est de ce premier travers que découle le second problème que tout parent censé a constaté avec étonnement, l’attribuant à la versatilité de son enfant. Ce dernier, mis en présence de la petite merveille, heureux de la découverte s’intéresse quelque temps au nouvel objet, le tourne, le tire, le dépèce volontiers si c’est possible puis l’abandonne. Dans le meilleur des cas, et alors finalement le jouet remplit son office envers et contre les adultes, il lui trouve une destination incongrue, qui alarme les adultes, mais qui au moins a le mérite de satisfaire sa soif d’apprendre et de toucher. Car non seulement le matériel Montessori doit obéir à des impératifs précis de stimulation des sens, mais en plus il ne doit pas être utilisé à tort et à travers. Donner à l’enfant un matériel de tri sans lui expliquer précisément ce qu’il doit en faire, sans l’aider au début, sans le féliciter quand il parvient au résultat recherché, sans l’aider à corriger ses erreurs quand il en fait, contredit le principe de base de la méthode qui dit que « Tout travail commencé doit être Préparé - Réalisé -Terminé -Évalué - et éventuellement corrigé en cas d'erreur ». Alors loin de moi l’idée de culpabiliser les parents qui achètent de tels jouets à leurs enfants, mais n’imaginez pas que vous leur fournissez un outil d’apprentissage, cela reste un jeu, et si votre enfant lui invente une autre destination, c’est qu’il aura trouvé de lui-même un usage sans doute plus profitable pour lui à ce stade de son développement. N’en soyez pas contrariés, c’est bon signe !

1 commentaire:

  1. Je suis complètement d'accord avec tes dernières lignes..
    Un grand tord de beaucoup d'adultes face aux enfants, et c'est parce qu'ils pensent bien faire pourtant ! c'est de ne pas les laisser manipuler et trouver eux-même les problèmes comme les solutions ; quitte à innover !
    L'adulte doit rester discret dans son étayage et c'est malheureusement rarement le cas. On voit alors beaucoup d'enfants qui ont "appris" quantité de choses mais sans les "construire" ni les "intégrer". Ces enfants, au bout du compte, font sans comprendre et ne peuvent pas rebondir sur leurs expériences ni penser dessus.
    C'est dommage et parfois les conséquences peuvent être lourdes dans leur développement...

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