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dimanche 31 octobre 2010

Le décor de l’aventure ou la future école « Fan de Loup » -3-

J’avais en la matière une expérience antérieure qui me sembla a priori excellente, et qui se révéla, a posteriori, un désastre. J’avais, durant mes années de faculté, travaillé au service des Relations extérieures d’une grande entreprise de recherche et d’exploitation pétrolière. J’étais « conférencière ». Mon travail consistait, en toute simplicité, à améliorer l’image de marque de la société, en expliquant, arguments scientifiques à l’appui, comment les « pétroliers » étaient des gens consciencieux, attentifs à l’environnement, et préoccupés par l’avenir économique et humain de leurs semblables. Imaginez que tout cela se déroulait sur fond d’Amocco Cadiz, et vous comprendrez combien cette formation aux relations publiques fut enrichissante.
Oui, mais voilà, les relations publiques n’ont strictement aucun rapport avec la démarche pédagogique, et si cette expérience me fut par la suite utile pour ranimer avec brio l’intérêt d’une classe inattentive, elle me plongea au début dans un abîme d’erreurs. J’essayais de vendre à mes élèves, à grand renfort de séduction et de diplomatie, les rudiments de la gestion et ceux, encore plus modestes de l’informatique. Ils s’amusaient beaucoup de cette gentillesse inaccoutumée, de ce manque d’autorité, et de ce discours commercial. Il en résulta pour moi l’année la plus périlleuse de ma carrière, navigant par gros temps à chaque intervention, redoutant chaque heure de cours comme une bataille dont je connaissais l’issue inéluctable, chahut et inattention.

Tout cela se déroulait sur un emploi du temps proprement délirant, une heure un jour, deux heures le lendemain, des kilomètres permanents, des nuits passés sur un canapé chez ma mère qui n’avait pas de chambre à m’offrir, et surtout la hantise de chaque nouvelle confrontation. Lorsque la fin de l’année arriva, et que je fis ma déclaration d’impôts, je décidai de déclarer mes frais au réel, et non de retenir le forfait de 10% attribué normalement aux salariés. Le résultat était, bien sûr, terriblement négatif. L’effet ne se fit d’ailleurs pas attendre : l’année suivante, un inspecteur des impôts aussi terrible que stupéfait, me convoqua, exigea des comptes et des explications, et finit par conclure, désespéré : « Mais vous allez continuer longtemps ainsi ? ».  Non, bien sûr, et aussi douloureuse que soit cette année d’apprentissage, je décidai de passer cette année-là le concours d’entrée dans l’Education Nationale.
Ayant été reçue au CAPET d’économie et gestion, je démarrai alors ma carrière officielle. Un maître de stage compétent et sympathique m’apprit sans détour les ficelles du métier. C’est en 1984, enceinte de Marie et sans aucune préparation, que je passai, et obtint, l’agrégation de la même matière, ce qui me permit d’améliorer ma situation financière, pédagogique et m’apporta quelques encouragements pour ce métier qui devait finalement, sans que je m’en sois jamais douté, être ma vocation.

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