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dimanche 24 juin 2012

COMMENT TOUT A VRAIMENT COMMENCE -1-


Juin 1990 : Marie a 5 ans et six mois. Officiellement elle est en âge d’entrer à l’école. L’école, chacun le pense, est obligatoire à partir de 6 ans, ou plutôt dès l’année civile de la 6ème année. L’école ? voire !! Que de fois ne nous a-t-on demandé : « mais l’école n’est pas obligatoire ? », que de fois n’avons – nous répondu « l’école, non, c’est l’instruction qui est obligatoire ». Il faut remonter à l’esprit des débuts de la 3ème République pour mieux saisir la nuance.
Dans la ligne droite des législateurs de la Révolution, Jules Ferry considérait que l’enseignement primaire, laïque, gratuit et obligatoire devait permettre « d’assurer l’avenir de la démocratie et (de) garantir la paix sociale ». L’adoption du principe de l’instruction obligatoire a cependant suscité de vives oppositions. Certains y voyaient une atteinte à la liberté de conscience, et même à la liberté de l’enseignement, proclamée par un décret du 29 frimaire an II (19 décembre 1793), qui a d’ailleurs aujourd’hui caractère constitutionnel. Au cours des débats qui ont précédé le vote de la loi Ferry, les arguments sont parfois surprenants, mais il faut les replacer dans le contexte d’une France très largement rurale et agricole.plus dévoués, et vous le livrez aux mains souvent indifférentes d’un maître d’école, aux conseils de ces vauriens qui l’entraînent partout et qui lui apprennent tout ce qu’il devrait ignorer… Le projet, s’il est adopté, ne servira qu’à donner le goût de la fénéantise aux enfants éloignés pendant sept ans des travaux agricoles, tandis que, sous les yeux de leurs parents, ils seraient devenus des hommes laborieux, actifs et utiles à la société. Là au moins, ils eussent appris l’agriculture et la religion, les deux sciences les plus nécessaires à la campagne, les plus fructueuses aussi…
 Le sénateur de la Dordogne, Marie-François-Oscar Bardy, après avoir expliqué que pour lui ce qui est en cause, ce n’est pas le principe de l’enseignement obligatoire, mais bien la liberté d’enseignement et de conscience, proclame « l’obligation scolaire apparaît comme le procédé mis en œuvre pour répandre un enseignement particulier, spécial, déterminé, comme l’instrument de coercition tenu en réserve pour imposer à l’enfant un enseignement d’Etat placé par un monopole de fait à la fois déguisé et violent, au-dessus de toutes les concurrences et de toutes le rivalités. ». Pour lui, le péril est que la loi érige en monopole l’enseignement d’Etat, reprochant aux concepteurs du projets d’ « arracher l’enfant au père pour le donner à la République ». Certains affirment que contraindre les enfants de pauvres d’aller à l’école, c’est affamer les parents, les priver du mince salaire qu’ils leur rapportent. Le vicomte Hippolyte-Louis de Lorgeril se fait lyrique quand il déclare : « Avec le projet du gouvernement, dès la sixième année, quand les soins maternels lui sont encore indispensables, quand son cœur s’ouvre le mieux aux bons conseils et aux bons exemples donnés par la tendre autorité des parents, vous enlevez l’enfant à ses gardiens les plus affectueux et les

1 commentaire:

  1. Je suis plongée dans ce récit passionnant qui me renvoie en miroir de nombreux souvenirs de nos premières années d'instruction en famille (mes enfants sont encore très jeunes, le plus grand a 6 ans et demi) et je laisse un message sur cet article pour vous signaler qu'il doit y avoir une petite erreur de mise en page : la fin du dernier paragraphe semble s'être trouvée déplacée en fin du précédent.
    Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'écrire tout cela, c'est évidemment rassurant de voir concrètement qu'un parcours sans école peut mener à des adultes épanouis. Merci aussi de dire, ce qui est rarement le cas quand même, que non, ce n'est pas tout rose, pas si facile et que ce n'est pas "conseillable" à tout le monde : c'est ce que je ressens également. Je vais de ce pas poursuivre ma lecture.

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