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mardi 19 juin 2012

L'ERE MONTESSORI -13-

 C’est vers l’âge de 4 ans que Marie a manifesté un intérêt puissant pour la chose écrite. Nous étions très méfiant sur l’utilisation d’une méthode globale ou semi globale, et avons choisi une méthode très particulière, celle mise au point par Clothilde Silvestre de Sacy qui s'adresse plutôt aux enfants dyslexiques et en difficulté solaire. Cette méthode, phonétique et gestuelle, appliquée dès le début de l'apprentissage et surtout suivie jusqu'à la fin sans faiblir, a largement fait ses preuves pour tout enfant en âge de commencer à lire.
Cette méthode, mise au pont par Suzanne Borel-Maisonny fut publiée en 1949.  Elle était au départ destinée aux enfants présentant des troubles du langage ou de l'expression. La première partie de cet ouvrage intitulée Lecture comportait un premier chapitre Comment apprendre à lire présentant la méthode à  l'attention "des enfants qui n'apprennent à lire qu'avec peine": représentation spatiale; épellation phonétique; symbolisation gestuelle; notion de nombre et de rythme; écriture. Le deuxième chapitre Rééducation des dyslexiques comportait un Atlas des gestes de la méthode de lecture. Les gestes proposés sont de quatre type : représentatifs d'une forme graphique, d'une forme articulatoire, de l'idée d'écoulement, d'une petite scène (phonomimie).


Cette méthode de lecture a ensuite été vulgarisée grâce à l'ouvrage de Clothilde Silvestre de Sacy : Bien lire et aimer lire, Paris, ESF éditeur, régulièrement réédité depuis 1963. Elle est très ludique, demande un apprentissage de la part des parents pour lesquels les signes associés aux lettres et aux sons doivent devenir de vrais automatismes, mais c'est un vrai bonheur de la pratiquer ! J'en conserve un délicieux souvenir ! A avec la paume ouverte, I en levant l'index, CH en en pinçant les joues, GN en faisant glisser son index à cheval sur son nez, OIN en faisant avec le pouce et l'index un geste de petit canard  ... vous trouverez ici tous les signes associés aux sons, et un rappel de cette méthode absolument magique pour apprendre à BIEN lire, très vite.

Marie a su lire en environ trois mois et elle est devenue immédiatement une dévoreuse de livres. Ce plaisir et ce désir de lire ne l’ont jamais quittée, et c’est sans doute grâce à cela qu’elle a acquis très précocement une culture littéraire réelle. Nous avons bien sûr repris la même méthode avec Hélène, mais avec elle, nous avons rencontré une difficulté inattendue qui nous a un peu compliqué la tâche. Ayant parlé très tôt, elle avait au moment d’entamer l’apprentissage de la lecture un vocabulaire déjà assez développé. Au début les choses se sont bien passées. Mais dès qu’elle a su se débrouiller un peu, Hélène s’est mise à anticiper le déchiffrage et lisant le début d’un mot, d’après son allure elle inventait la suite. Ayant à lire le mot DEMANDE, elle décryptait DEMA, et sans aller plus loin elle disait DEMAIN. Elle appliquait ainsi une sorte de semi-globale, de sa propre initiative, pour aller plus vite, par besoin de brûler les étapes. Et dès que les mots se compliquaient ce travers s’accentuait. Après quelques mois de batailles inutiles, nous avons carrément tout repris à zéro, imposé de nouveau le déchiffrage lettre à lettre, avec plus de rigueur qu’au début, et Michel lui a patiemment mais fermement réappris à lire. Mais elle a gardé très longtemps ce travers qui réapparaissait dès que nous lui imposions une lecture à haute voix.
Pour l’apprentissage de l’écriture, ayant acquis les pré-requis avec Montessori, nous avons utilisé de simples cahiers de lettres puis de mots, très classiques et totalement basiques, mais qui ont fait leurs preuves depuis de nombreuses générations d’écoliers. Ni l’une ni l’autre n’avait un graphisme d’une grande élégance mais dans l’ensemble cette étape nous assez peu retenus et sans doute n’y avons-nous pas accordé toute l’attention nécessaire.  Elles savaient tenir un crayon, nous avons essayé qu’elles écrivent du mieux possible, ce qui avec Hélène n’était pas très réussi, mais globalement il n’y a pas eu de catastrophe notable. Et, devenues adultes, elles ont une fort jolie graphie l'une et l'autre, surtout quand elles m'écrivent des mots d'amour !



1 commentaire:

  1. Ah ! Les gestes Borel, ils représentent une sacrée aide pour beaucoup !!
    Borel avait eu très tôt cette "intuition" qu'il fallait plusieurs "entrées" pour convenir au plus grand nombre d'enfants. Pourtant, la gestion mentale n'était pas encore expliquée.

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