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dimanche 10 octobre 2010

EDUCATION A LA MAISON 2

Ce récit sera aussi l’occasion de purger les angoisses multiples qui ont été les nôtres pendant tant d’années, d’exprimer les doutes et les appréhensions qui ont jalonné ces années exceptionnelles et riches. Il est des moments où tout ce qui nous agite paraît tout d’un coup inutile, voire absurde. On est alors saisi par un ressac de vide et le doute s’installe en maître. On se prend à regarder le passé et ses motivations avec l’œil glacial d’un entomologiste disséquant une sauterelle, et tout semble vain. Le dérisoire de nos convictions et du moteur de nos actions nous éclate soudain à la figure comme une baudruche incolore, et l’invraisemblable vanité de nos prétentions nous submerge en déferlante. 
Il faut alors se battre contre la tentaculaire envie de tout abandonner, déposer humblement ses armes et ses blessures, puis tout reprendre à zéro, sous peine d’une paralysie totale. Maladresse des intentions, que l’on croyait pourtant bonnes et pures, inadéquation de l’action avec le dessein que l’on s’est fixé, chimère des utopies qu’on prétend poursuivre, tout devient abruptement décourageant, et on a envie de tout arrêter. Que de soirs, que de nuits avons-nous Michel et moi, débattu de l’inanité de nos efforts, de l’orgueil démesuré de nos prétentions, accablés, abattus, persuadés que nous allions à la catastrophe, que nous étions d’insupportables et arrogants apprentis sorciers. Le sentiment que nous étions en train de faire une erreur monumentale, que nous gâchions irrémédiablement l’avenir de nos filles nous submergeait alors. Nous parlions, discutions, disputions, dormions mal, et le lendemain nous reprenions l’aventure, illuminés par la joie de vivre et la volonté d’apprendre de nos filles.

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