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jeudi 21 octobre 2010

EDUCATION A LA MAISON 8

Loin de nous l’idée de faire de nos filles des singes savants, et ce blog sera aussi l’occasion de dénoncer ce travers fréquent, sans doute excusable, mais très néfaste, dont nous fûmes systématiquement suspectés. Pourquoi en effet, refuser de scolariser ses enfants, quand on n’est pas marginal ou anarchisant, sauf à les croire ou prétendre surdoués ? Nous avons toujours regretté de n’avoir pas à portée de chez nous un établissement de qualité susceptible de les accueillir, et de nous décharger de cette tache complexe et souvent ingrate que nous avions entreprise. Quant à les prétendre surdouées, nous n’avons jamais voulu rentrer dans ce débat inintéressant. Elles ne furent jamais soumise à aucun test d'évaluation de leur QI, ne serait-ce que pour résister à la tentation d'en tirer quelque gloriole. Notre souci a été de permettre à chacune de développer ses talents, d’être curieuse, ouverte, cultivée, mais surtout d’éviter tout bourrage de crâne précoce, et de ne les pousser en rien. Pas question de profiter du temps libéré pour en faire des virtuoses, ou des sportives de haut niveau. Ce genre d’enfermement précoce dans une voie prédéfinie, souvent reflet des ambitions ratées des parents, nous a toujours rebutés. Pourtant Marie avait un réel talent de pianiste, et il m'arrive parfois de regretter, pour elle, pour le plaisir de sa vie d'adulte, ne l'avoir pas plus poussée dans cette voie.
Alors pourquoi ce blog ? Pour nos filles d’abord, afin qu’elles relisent avec le recul qu’elles ont maintenant, engagées dans des études « normales », ce temps partagé dont nous avions conscience qu’il était rare, précieux, exceptionnel, mais qui était parfois bien difficile à vivre, le nez dans le guidon. J’espère qu’elles y écriront un chapitre pour donner leur version des faits et exposer leurs impressions a posteriori, avec la maturité et leur capacité de juger ce qui était positif et de dénoncer les erreurs commises. 
Pour nos amis ensuite, pour ceux qui ont tremblé de notre audace, pour ceux qui nous ont soutenus, défendus et encouragés. Pour ceux qui y ont cru, et ils avaient raison, et pour ceux qui nous ont traités d’inconscients, et ils avaient aussi raison. Mais surtout pour dire à ceux qui rêvent de faire pareil que c’est une expérience certes merveilleuse, mais ô combien risquée et que l’énergie déployée est rarement à la portée des parents aussi bien intentionnés soient-ils. Nous avons eu la chance de conjuguer plusieurs facteurs porteurs, notre installation à la campagne (qui était par ailleurs réductrice quand il s’est agi d’inscrire nos enfants dans un établissement de bon niveau), nos professions qui nous permettaient une certaine liberté d’organisation du temps, notre conception commune de l’éducation et de l’instruction, une volonté farouche et partagée de nous donner à fond à cette tache, notre complicité et nos tempéraments si différents et si complémentaires. Cela n’aurait pas été possible sans la patience jamais prise en défaut, même s’il s’insurgeait d’avoir à remplir ce rôle de modérateur, de Michel, toujours prêt à m’écouter égrener les difficultés insurmontables que nous surmonterions nécessairement le lendemain. J’avais besoin de dédramatiser en exprimant mes craintes, et Michel supportait vaillamment ces logorrhées verbales, ces remises en cause permanentes. Cela n’aurait pas été possible non plus sans mon énergie farouche, persuadée qu’il suffisait de vouloir et d’être armé des meilleures intentions du monde pour déplacer des montagnes. Une énergie dont j'ai, depuis, appris qu'elle était l'apanage de la jeunesse et qu'il n'est pas forcément bon d'en user sans discernement. Autant dire qu'une certaine forme de sagesse me fait souvent remettre en cause le choix dont ce blog se fait l'écho !!

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