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mardi 19 octobre 2010

EDUCATION A LA MAISON 7

J’y allais en fait très rarement à la maternelle, m’ennuyait ferme en dessinant des bâtons d’une main maladroite (maman m’avait appris beaucoup de choses, mais pas à tenir un crayon), et n’ai pas souvenir d’y avoir fait quoi que ce soit, hormis la sieste, autre coutume étrange que je découvris à cette occasion. Toujours est-il qu’au mois de juin, la maîtresse vint voir ma mère à la maison (oui, oui, elle se déplaça) et lui suggéra pour la rentrée prochaine de me faire « sauter » le cours préparatoire, classe selon elle bien inutile pour moi car on ne faisait qu’y apprendre à lire. Ma mère prit l’engagement de m’apprendre pendant les vacances, reçu de la maîtresse un superbe manuel de lecture qui parlait de l’ours Michka, et fut très flattée de cette intervention. Mais elle oublia totalement sa promesse, et ce ne fut que lorsqu’arriva la rentrée, qu’elle me fit avaler l’histoire de Michka à une allure défiant toutes les méthodes classiques de lecture. 
Le 1er septembre, je savais lire, tant bien que mal, toujours pas tenir un crayon, mais j’étais parée pour affronter un CE1. C’est vrai que je ne ressentis aucune difficulté durant cette première véritable année d’école, et que je fus très vite au niveau requis. Mis à part que j’écrivis comme un chat durant plus de dix ans, et que je ressentis toujours le malaise d’être « à part », plus jeune (j’avais finalement deux d’avance à cause de ma naissance en décembre), la seule véritable mésaventure fut celle qui m’arriva le jour de la rentrée. La maîtresse, soucieuse de tester le niveau de ses troupes, entrepris de faire réciter l’alphabet à chacun des enfants de la classe. Alphabet avez-vous dit ? Maman avait encore oublié cela dans mon éducation, et je me demandais bien ce qu’était cette chose là, déjà paniquée d’avoir à avouer mon ignorance. Fort heureusement elle commença à faire réciter l’autre bout de la classe et mon tour ne vine qu’en dernier. Cela m’avait laissé le temps de retenir cette litanie étrange, et de la réciter impeccablement, très fière de mon exploit. 
Ma mère faisait de toute évidence partie de ces mamans enthousiastes mais désordonnées dont parlent les Doman dans leur livre « J’apprends à lire à mon bébé, la révolution douce » que la marraine de Marie m’offrit quand celle-ci eut 3 ans. Les auteurs classent les mamans en deux groupes, les « follettes » qui font tout en s’amusant, et les autres, les prudentes, qui prennent leur tache trop au sérieux. Et ils remarquent que les premières réussissent bien mieux, même si les secondes obtiennent des résultats très honorables. Il faut croire qu’armée de ce livre, je fus parfaitement incompétente, car je ne parvins pas à grand chose avec Marie au moyen de leur méthode. Je fabriquai un grand nombre de cartons comportant des mots affectivement positifs, maman, papa, lapin ou autre ours… Je les lui montrai avec constance mais sans doute sans conviction car elle ne progressa nullement et j’abandonnai vite la méthode, moi aussi. C’était sans doute trop tôt en fait, quoiqu’en disent les auteurs qui prônent avec un enthousiasme communicatif cette découverte dès le berceau.

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