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dimanche 17 octobre 2010

EDUCATION A LA MAISON 6

C’est en général en moyenne section qu’il commence à vouloir lire les enseignes des magasins, les affiches dans la rue et qu’il s’empare des livres qui sont à sa portée pour s’y consacrer avec un sérieux inébranlable. Certains parents se contentent d’en sourire, la plaisanterie la plus courante consistant à s’amuser du fait qu’il prend les livres à l’envers et s’y plonge avec délectation, faisant semblant de lire. D’autres se renseignent alors fébrilement, pour trouver la meilleure méthode pour leur apprendre la lecture, et nous avons très souvent conseillé des ouvrages à des parents que le zèle instructeur n’avait pas abandonné, en ayant cependant bien soin de les mettre en garde contre le risque d’ennui qui guettait leur enfant, s’il savait lire deux ans avant les autres. Il est très intéressant de remarquer qu’aucun n’a mené à bien l'aventure envisagée, et le livre d’apprentissage est resté dans un tiroir. Sans doute ont-ils renoncé car, même si la tache est aisée, elle demande dès le début une grande rigueur et surtout une énergique persévérance de façon à ce que l’enfant, encouragé par ses progrès, ait envie de continuer. Notre quotidien est souvent trop agité pour que les parents prennent le temps, de façon régulière, de consacrer un moment chaque jour à ces leçons. Dès lors que cela se fait un peu au hasard, sans organisation, voire sans cérémonial, l’enfant se lasse, et les progrès se font attendre. Tout le monde se décourage, et on se dit que, finalement, l’école fera cela mieux que vous !
           Ma propre expérience est à cet égard révélatrice. Lorsque j’étais petite la scolarisation était moins précoce qu’aujourd’hui, et ma mère s’amusait tellement avec moi que je la soupçonne d’avoir oublié de m’y inscrire. Lorsqu’arriva l’année de mes 6 ans, je suis du mois de décembre, elle s’ avisa brusquement vers le mois de mars qu’il faudrait m’inscrire à la rentré prochaine au cours préparatoire et que je n’avais aucune expérience de l’école. Elle m’inscrivit en toute hâte en maternelle. J’en conserve une impression bizarre, le seul souvenir marquant étant celui de la cour de récréation emplie de gamins ayant des pansements autour de la tête. Les garçons se battaient, ou faisaient tomber les filles. Il est certain que cette école n’était sans doute pas aussi violente qu’il m’a semblé alors, mais ce premier essai de sociabilisation tardive m’a fait l’effet de la découverte d’un monde brutal. Je devais avoir l’air particulièrement vulnérable, car un petit dur me prit sous sa protection et entreprit de me venger dès que quelqu’autre garnement s’attaquait à moi. Il en fut pour de superbes bandages autour du front, qu’il arborait avec toute sa fierté de chevalier servant.

1 commentaire:

  1. "elle demande dès le début une grande rigueur et surtout une énergique persévérance"

    Ce que tu dis là est vraiment la "colonne vertébrale" de cette aventure pédagogique...

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